Le vide de la minute est un morceau de vie perdue, une flaque de sang qui noircie et sèche. C'est une larme qui pleure l'insipidité de ses propres larmes, le sel d'une quelconque passion... J'ai dix sept ans et vis comme dans une salle d'attente, de minute en minute vide je ne rêve plus, la notion du rêve implique un minimum de naiveté que je n'ai plus. Je conte mes assauts de fièvre et mes rages de dents à l'infini de ma solitude. Les autres tracent leur droite, moi je m'enferme dans mon cercle. Je traine mes chaussures sur les pavés de ma peine et toute de noire vêtue je pleure, je pleure sur mes amitiés déçues, sur ma conscience aigue, sur mes espoirs qui s'entêtent et mes désespoirs qui en rigolent, je pleure sur les pièges futurs qui m'enchaineront et déchireront mes coutures, je pleure sur le mot Amour qui usurpé de son droit d'auteur se voit associé au mensonger mot toujours... Celui qui prétendra m'aimer ne sera qu'un imposteur.