Bien sûr, ça peut paraître déraisonnable... La déraison, l’irréparable c’est lorsque une vie devient un truc débranché, une boîte vide, c’est lorsque l’on crève un par un avec résignation ou lâcheté nos rêves et nos désirs parce qu’ils ont un prix, c’est lorsqu’on les comptabilise et que sur la balance de notre paresse ils ne pèsent plus très lourds. La déraison c’est lorsque les journées d’une existence s’étirent comme un vieux chewing gum, qu’elles deviennent si ternes qu’elles en insultent la Création, c’est lorsque le coeur s’endort dans le coton du confort, c’est lorsqu’il s’empâte dans un ralenti exaspérant.
La déraison c’est lorsque l’on économise le geste et la parole, c’est lorsque le moindre effort devient une philosophie, c’est lorsqu’on se contente parce que lâchement ça nous arrange.
Moi, je veux que ma vie soit un flamboiement de couleurs et je me bats pour mettre en déroute tout ce qui n’est pas la vie pour ne pas avoir à découvrir à l’heure du départ que je n’aurai pas vécu...