Elle ne se sentait, dans cet état, digne de personne. Elle puait le louche, l’échec. En cet instant précis elle se sentait comme un vieux papier peint aux motifs incertains.
Elle avait tellement hurlé avant… Hurlé contre leurs manières, contre leur façon d’aimer, contre leur vie sédentaire. Ils l’abandonnaient régulièrement sans s’en rendre compte, la laissant dans une solitude sans borne, elle devenait muette, elle n’était plus qu’un œsophage, elle avalait en silence des pages et des pages, elle avalait pour combler le vide, oublier qu’ils leurs étaient plus vital d’attacher des petits bouts de ficelles que d’attacher de l’importance à la petite dernière qui de toute façon avait de plus en plus mauvais caractère… Elle bouffait pour se punir d’être là, de vivre, de respirer, cela devait être de sa faute si personne ne lui accordait de temps, s’ils travaillaient autant… Elle n’était pas intéressante et en plus il fallait la nourrir… C’est nous qui nous construisons en dépit de tout et de tous, ne jamais laisser aux autres la faculté de vous avoir détruit ou fait à leur image. Tant que cette lutte là n’aura pas été mené à bien elle considérera qu’ils auront gagné. Lorsqu’elle relisait toutes ses pages, elle pensait avoir fait plusieurs guerres, derrière sa fragilité il y avait une femme, une vraie, celle qui sait de quoi elle parle, celle qui connaît pas mal de choses… Elle ne crèvera jamais et elle arrivera coûte que coûte à ce qu’elle voulait, à ce qui lui était du.