La grande peur de sa vie était de la rater, de vieillir et de ne se retourner que sur un passé de déplaisirs. Elle voyait les autres aimer timidement, frileusement, petitement, elle les voyait entrer dans la vie bardés d’assurances, les œufs dispersés selon de savants calculs dans différents paniers, « au cas où » et ceux-là ne tombaient jamais de haut choisissant de voler à basse altitude mais c’était une hérésie, l’antithèse de la vie. Il ne fallait surtout pas être économe, il fallait donner et donner encore même si on finissait le chemin les os brisés, la gueule cassée, le cœur en lambeau. Elle savait qu’elle faisait partie de ceux qui ne s ‘économisaient pas et la souffrance pouvait à tout moment lui être fatale parce que aussi profonde que les joies qu’elle pouvait ressentir, elle savait qu’elle faisait partie de ceux qui finirait le chemin les os brisés, la gueule cassée, le cœur en lambeau...